Nicolas Boulard
MONDE ACTUEL
03/11/2024 – 21/12/2024
exposition du 3 novembre au 21 décembre 2024
galerie 22,48m2 – Romainville – Paris – Ile-de-France


Pain VI – bois découpé – 2024

Monde Actuel – blouson, clous en laiton – 2024

Où en est-on avec le Monde Actuel ? La question est déroutante, tout autant que la réponse plastique apportée dans cette première exposition de l’artiste à 22,48 m².

« Le Monde Actuel est un paradoxe », lit-on : « le Monde Actuel est un processus en cours, un espace qui en contient d’autres, une mécanique organique qui ne s’arrête pas ». Voilà une première piste de réflexion, pour des œuvres empruntant très librement leur vocabulaire à l’histoire du Minimalisme, à partir de matières vivantes issues de fermentation.

Le Monde Actuel est un espace de vie, un territoire moléculaire de rencontres biologiques, ou encore un laboratoire en mouvement. Comme toute pensée, comme tout levain mental. La série des Pains prend cette idée au pied de la lettre : pour réaliser ces œuvres sculpturales murales, Nicolas Boulard prend pour motif des tranches de pain réel, qu’il agrandit démesurément pour mieux saisir leur mouvement cellulaire et leur processus de fabrication. Plusieurs couches de bois de peuplier évidées à la main sont alors nécessaires, afin de révéler toutes les cavités, toutes les déclivités, et obtenir cette géographie dynamique. Il s’agit de s’appuyer sur Albert Einstein qui n’a pas hésité non plus, afin d’expliquer sa théorie de la relativité, à prendre pour modèle un pain entier que l’on découpe en tranches : le pain, c’est l’espace, la découpe, c’est le temps.

Autour de vous, les formes sont donc vivantes. Tout comme le papier-peint Stilton, reprenant le motif paysager d’un morceau de fromage anglais à pâte persillée. De même, les tapisseries de la série Penicillium, réalisées au moyen de cinq couches de feutre naturel, donnent à voir le saisissement instantané d’une véritable bataille organique : l’ensemencement fongique de la masse laitière par du pénicillium, à l’origine de la création du Roquefort. Le champignon se développera, formant un all-over en décomposition, du blanc au bleu, ici arrêté dans son développement même par la coupe longitudinale.

L’utilisation du feutre pure laine prédispose bien sûr à placer ces œuvres dans le sillage de Robert Morris (dans son rapport à l’Informe), ou de Joseph Beuys (pour les propriétés naturelles, intrinsèques du matériau). Il y a du Matisse aussi, pour la découpe ; il y a du Klein, pour l’évidement. Mais, c’est surtout au cycle des Nymphéas que Nicolas Boulard pense, œuvre ultime de Claude Monet peint en grande partie pendant la première guerre mondiale. Que se cache-t-il sous l’apparent calme des nénuphars flottants ? L’œil cherchera la réponse aux mystères de cette actualité-là en se perdant parmi ces incisions, ces failles, ces apparitions. Et il faudra aussi apprendre à jouer du trompe l’œil avec l’histoire de l’art : Giverny devenu morceau de paysage au sens propre, tout comme Soleil levant prélèvement et capture de la surface de la mer du Havre.

Un blouson de cuir, porté par un mannequin au corps absent, en porte désormais la marque – Monde Actuel : anagramme parfaite de Claude Monet.

Where are we at with the Monde Actuel (Present World)? The question is as disconcerting as the plastic answer given by the artist in his first solo show at 22,48 m².

“The Monde Actuel is a paradox.”, as we can read: “the Monde Actuel is an ongoing process, a space that contains others, an organic mechanism which never stops”. This is an initial line of thought for art works that borrow their vocabulary loosely from the history of Minimalism, based on living matters derived from fermentation.

The Monde Actuel is a living space, a molecular area of biological encounters, or even a lab in motion. Just like all thought, like all leaven of the mind. The Pains (Breads) series takes this idea literally: to create these sculptural wall works, Nicolas Boulard uses slices of real bread as his pattern, enlarging them excessively to better capture their cellular movement and the process by which they are made. Several layers of poplar wood, hollowed-out by hand, are then needed to expose all the cavities and slopes, thus creating this dynamic architecture. The idea is to use a whole loaf of bread cut into slices as a model, just like Albert Einstein did to explain the theory of relativity: the bread is the space, the slice is the time.

Thus, all around you, the shapes are alive. Just like the Stilton wallpaper, based on the landscape design of a piece of English blue cheese. Likewise, the wallpapers in the Penicillium series was created using five layers of natural felt, show an instant capture of a truly organic battle: the fungal sowing of the dairy mass with penicillium, the origin of Roquefort cheese. The fungus will develop, forming an all-over decomposition, from white to blue, here stopped in its tracks by the longitudinal slice.

The use of pure wool felt naturally places these artworks in the wake of Robert Morris (in his relationship to the Informe), or Joseph Beuys (for the natural, intrinsic properties of the material). There’s a touch of Matisse as well, in terms of the cutting; and a touch of Klein in the hollowing out. But above all, Nicolas Boulard is thinking about the Nymphéas (Water Lilies) cycle, Claude Monet’s ultimate work, painted largely during World War I. What lies beneath the apparent calm of the floating water lilies? The eye will be looking for the answer to the mysteries of the present day as it wanders through these carvings, these cracks and these appearances. And you’ll also have to learn to play the trompe l’oeil game with art history: Giverny becomes a piece of landscape in the truest sense of the word, just like Soleil levant (Rising sun), a sample and capture of the surface of the sea in Le Havre.

A leather jacket, worn by a mannequin without a body, now bears its trademark – Monde Actuel: a perfect anagram of Claude Monet.


Pain VI sur papier peint Stilton Giverny


Giverny & Soleil Levant – Le Havre


Penicillium I & Penicillium III


Monde Actuel & Pain VI


Giverny – terre de Giverny, encadrement – 2024


Soleil Levant – Le Havre – eau de mer, encadrement – 2024